Français Psychanalyse et psychothérapie online

Psychanalyse et psychothérapie online (vidéoconférence)

Pour avoir étudié et travaillé en Belgique Francophone (13 ans) je connais suffisant le français pour effectuer psychanalyse et psychothérapie en français.

Je me suis formé en psychanalyse en Colombie, y suis membre titulaire d’Association Psychanalytique Colombienne (APC) et d’Association Psychanalytique International. Je suis professeur de Psychanalyse dans l’Institut de formation de APC y pratique psychanalyse et psychothérapie dans mon cabinet prive. Je suis l’auteur de livres et articles en psychologie dynamique et psychanalyse.

Mon expérience dans ces dernières années indique que la psychanalyse et la psychothérapie à distance sont utiles. Ils présentent avantage de pouvoir le faire depuis toute partie de Colombie ou du monde. Si vous vivez à Bogota nous pouvons l’effectuer dans mon cabinet. Mais nous pouvons utiliser aussi vidéoconférence en Internet (Skype, MSN) comme compléments aux sessions dans mon cabinet ou exclusivement.

Pour le traitement, la vidéoconférence es la meilleure, néanmoins la communication téléphonique ou par e-mail aident aussi dans certains circonstances particulaires et singulières.

Néanmoins, pour la psychanalyse à distance, il faut avoir les équipes fonctionnels de vidéoconférence (système de son et vidéo, vitesse suffisante de transmission d’internet, c’est-à-dire 1000 kbps ou plus) et savoir les manier, pour une communication fluide. Il faut en outre compter un lieu privé qui peut être disposé pendant les sessions, qui permet la construction progressive d’intimité nécessaire pour un traitement psychologique.

Si vous êtes intéressé, dirigez un email à mon adresse, iyildiz07@outlook.com, dans lequel annotez avec ampleur le motif de sa consultation et de ses circonstances affectives, familiales, travail et personnelles. Dans votre email vous informez aussi sur : Nom et nom de famille, votre gendre, âge, lieu de naissance, résidence actuelle (ville, pays), téléphones mobil et résidentiel, occupation actuelle.

Je répondrai à votre courrier opportunément et après nous pouvons fixer une première entrevue.

Le prix de première consultation est de 180 000 $CO, ou de 50 dollars US ou son équivalent. Si vous vivez loin de Bogota, le paiement sera fait dans mon compte bancaire.

La décision d’effectuer le traitement est prise en commun accord à la fin de première entrevue (nombre de sessions par semaine, les horaires, les honoraires, etc.). Il faut penser de 5 à 1 session hebdomadaire selon les désirs et les possibilités.

Par

Dr. Ismail YILDIZ

MD, MSc., Psychanalyste.

Membre Titulaire d’Association Psychanalytique Colombienne (APC), Fédération Psychanalytique de l’Amérique latine (FEPAL) et d’International Psychoanalytical Association (IPA).

Email: iyildiz07@outlook.com

Ci-dessous un article en français qui peut vous intéresser:

 FORMATION ET ÉVOLUTION D’IDENTITÉ DU PSYCHANALYSTE*

 *Une partie de ce travail a été présentée dans le symposium «Collègue en formation» de L’Association Psychanalytique Colombienne (APC), 2000.

NB. Je remercie à Iv PSALTI, mon ami de Bruxelles, pour sa correction du français du texte.

RÉSUMÉ

Dans la première partie de ce travail sont révisés le concept d’identité personnelle, les mécanismes de sa formation, son évolution et ses crises, l’identité sexuelle, les rôles sociaux et l’identité professionnelle. L’identité personnelle est définie comme un sentiment de soi-même ou l’image que l’individu a de lui-même. Tous les patients qui viennent à psychanalyse ont des défauts dans leur identité et le processus psychanalytique intègre cette identité.

Dans la seconde partie, sont détaillées les sujets sur la formation et l’évolution de l’identité psychanalytique. L’identité psychanalytique commence à se former depuis les motivations pour être psychanalyste, se développe à travers l’analyse didactique, les séminaires, les supervisions, et finalement continue à se former dans l’intimité avec l’acquisition et l’application de l’autoanalyse. Après la graduation il est nécessaire de consolider et de maintenir l’identité psychanalytique acquise pendant la formation académique.

Finalement, l’auteur considère qu’il est nécessaire de construire une nouvelle identité psychanalytique qui peut mieux s’adapter au postmodernisme sans perdre l’essence de la psychanalyse.

SUMMARY

In the first part of this work are reviewed the concept of personal identity, the mechanisms of its formation, its evolution and its crisis, the identity sexual, the social role and identity professional. Personnel identity is defined as a feeling of one’s self or the imago that the person has of its self. All the patients who come to psychoanalytic therapy have defects in their identity and psychoanalytic process integrates that identity.

In the second part, the formation and the evolution of psychoanalytic identity are reviewed. The psychoanalytic identity begins to form from the motivations for being a psychoanalyst, develops through the didactics analysis, the seminaries, the supervisions, and finally continues to form in the intimacy with the acquisition and the application of the autoanalysis. After the graduation it is necessary to consolidate and maintain the psychoanalytic identity acquired during the academic formation.

Finally, it is considered that it is not psychoanalysis but psychoanalysts who are in crisis because of changes in each one’s lives. It seems necessary to construct a new psychoanalytic identity that may fit better to postmodernism without losing the essence of psychoanalysis.

1. INTRODUCTION

Quand je me suis décidé à exposer sur l’identité du psychanalyste je ne savais pas que ce sujet était si complexe. Je me référerai principalement aux avis de psychanalystes expérimentés qui ont réfléchi sur ce sujet, et j’ajouterai mes opinions actuelles. Ainsi, j’espère aussi réveiller de nouvelles réflexions et questions sur l’identité psychanalytique.

D’autre part, quand j’ai commencé à faire des recherches sur ce sujet je me suis rendu compte qu’il était nécessaire de clarifier d’abord le concept d’identité personnelle pour une meilleure compréhension de l’identité psychanalytique. En outre, comme nous le verrons, l’identité personnelle du psychanalyste intervient dans ses activités professionnelles.

2. IDENTITÉ PERSONNELLE

L’identité est un terme ambigu et contesté non seulement dans ses connotations psychanalytique et philosophique, mais aussi dans le sens général (Ferrater Mora, 1994): d’une part, il signifie la qualité d’identique, le fait d’être une personne ou une chose le même qu’il est supposé ou il est cherché. Être identifié l’un avec l’autre se définit comme arriver à avoir les mêmes croyances, désirs, etc. que l’autre (Real Academia Español, 1992). D’autre part, l’identité signifie aussi totalement le contraire de la définition précédente, c’est-à-dire qu’une certaine chose ou quelqu’un est parfaitement unique (Grinberg et al. 1971).

La nécessité et la difficulté de la définition d’identité personnelle apparaissent avec les questions «Qui es-tu?», «Qui suis-je?», «D’où venons-nous?» et «Où allons-nous?». Effectivement, toutes les cultures ont essayé et essayent de répondre à ces questions dans leurs mythologies, religions, philosophies et sciences. Les religions donnent des réponses dogmatiques sur les origines et les destins de l’être humain, et de cette manière affectent l’identité des croyants. Toute la philosophie est aussi une recherche d’identité personnelle à travers les réponses philosophiques aux mêmes questions (Reale et al. 1985; Gaarder, 1991). La question d’où nous venons reste encore sans réponse scientifique. La théorie astronomique cosmogonique, appelée aussi théorie de Big Bang, plus admise actuellement, soutient que l’Univers a eu son origine à partir d’une très grande explosion. Les questions du genre «qu’est qui a provoqué cette explosion ?», «qu’est qu’il y avait avant?» et «pour quoi existent-ils des lois physiques?» restent sans réponses (Trefil, 1983; Davies, 1983). Les ignorances précédentes poussent à l’être  humain de continuer à faire des recherches sur les mystères de ses origines et de son  devenir pour définir mieux son identité et son destin dans l’Univers.

Les théories sur l’origine de  nôtre planète, de la vie sur elle, et de l’évolution biologique qui a produit l’Homo sapiens ont des arguments plus convaincants. On considère l’origine de la vie sur Terre comme provenant des réactions chimiques et biochimiques, produites au hasard, et non faisant suite à une intentionnalité téléologique. L’évolution biologique a été opérée par des mutations au hasard du génome des êtres vivants, par la sélection naturelle qui implique la survie des individus les plus aptes dans son milieu, et par des espèces que laissent les descendances (Darwin, 1859; Ayala, 1987). Parmi les espèces les plus récentes, il y en a une, dont les représentants, dotés d’un cerveau suffisamment développé,  ont la curiosité de se poser des questions sur leurs origines et leurs identités personnelle et professionnelle.

La partie constitutionnelle de l’être humain, qui affecte aussi une grande partie de son identité,  est déterminée par son héritage génétique. Nous savons, jusqu’à un certain point, que le génotype détermine le phénotype. Cette détermination inclut le métabolisme de base, la physionomie corporelle, les organes sexuels, une partie de l’intelligence, une partie de la capacité de résistance aux frustrations, le programme interne de développement et la maturation physiologique. Ces facteurs constitutionnels affectent aussi les fonctions psychologiques et les fonctions «d’autonomie primaire du moi» (Hartmann, 1964).

Mais, que représente l’identité personnelle du point de vue psychanalytique? Comment  se forme-t-elle et comment évolue-t-elle pendant le cycle de vie? Qu’est-ce que l’identité sexuelle? Rôles sociaux et identité professionnelle font-ils  partie de l’identité personnelle?

2.1. Formation de lidentité personnelle

Empiriquement nous pouvons dire que l’identité personnelle correspond à l’image qu’un individu a de  lui-même, ce qu’il croit être. Il est semblable mais en même temps différent d’autres personnes; c’est un sentiment de soi-même particulier qui est continu malgré des changements internes et externes; il a un prénom, un nom de famille, une famille, une profession, une nationalité; il a une identité. L’image qu’a un individu de lui-même peut être très éloignée de sa réalité: dans les états de fugue, l’individu oublie parfois jusqu’à son nom; il y a des hommes qui se sentent comme une femme; et dans des cas de personnalités multiples l’individu se sent avec des identités différentes à des moments différents.

Dans les théories psychanalytiques il existe un certain consensus que l’identité personnelle se construit par des identifications de l’individu avec les figures parentales, frères, compagnons et autres figures significatives comme enseignants, professeurs, chefs nationaux, internationaux ou religieux, etc. L’identification  comprend un ensemble de processus inconscients, préconscients et conscients, adaptatifs et défensifs, au moyen desquels le moi fait le sien de caractéristiques d’autres personnes ou de normes d’idéologies sociales. L’identification est particulièrement active pour la structuration de la personnalité durant les premières années de la vie, cependant l’être humain continue en faisant des identifications tout au long de son existence (Brainsky, 1984).

Freud n’a pas développé une théorie sur l’identité personnelle, bien qu’une fois il ait parlé de son intime identité juive (Freud, 1926 *). Selon la théorie freudienne, la différenciation du moi comme une structure séparée du ça se base aussi sur les facteurs de maturité et sur la capacité d’identification avec d’autres êtres humains. Le caractère d’un individu peut être considéré comme un précipité de cathexis objectales abandonnés. Freud considérait que l’identification intervenait dans la structuration de l’appareil psychique et dans beaucoup de processus psychologiques comme la formation du moi et du surmoi, la formation des groupes, la sublimation, l’apprentissage, la créativité, le contrôle de l’agression, les élections d’objets, l’évolution du complexe d’Oedipe, l’empathie et la compréhension, l’élaboration onirique, les actes manqués, la formation de symptômes, etc.

Pour la théorie kleinienne le moi existe et opère depuis la naissance, et se développe progressivement par un interjeu de processus de projection-introjection; mais ce sera l’identification introjective du sein en premier lieu, plus tard de la mère comme un objet total, qui déterminent la base de la structuration du moi (Klein, 1975; Etchegoyen, 1985).

Erikson est celui qui a fait de l’identité personnelle un concept psychanalytique et l’a développé dans plusieurs de ses œuvres (Erikson, 1959, 1975, 1982). Pour lui, la formation d’identité du moi est un processus qui émerge de l’assimilation mutuelle et à succès de toutes les identifications fragmentaires de l’enfance. Une identité permanente ne peut pas commencer à exister sans la confiance de base de la première étape orale et ne peut pas être complétée sans une promesse de réalisation. La sélection progressive des identifications significatives, l’anticipation de l’identité et la resynthèse à la fin de l’adolescence, sont des fonctions d’intégration et de synthèse du moi, où le moi est considéré comme une instance de la théorie structurelle.

Selon Erikson, le développement humain psychosocial procède avec des pas critiques ou de la crise, la «crise» étant une caractéristique des changements décisifs, des moments d’élection entre le progrès et la régression, l’intégration et le retard. Effectivement, il décrit huit âges de l’homme dans le cycle de vie  et dans chacun l’identité personnelle se forme et évolue. Mais c’est pendant l’adolescence que deviennent plus intense et plus douloureuse la crise et la réforme de l’identité personnelle. Erikson, non seulement prend en compte les composants biologiques et psychologiques, mais souligne aussi beaucoup plus le rôle de l’histoire personnelle, des facteurs sociaux dans une culture déterminée. Il considère que l’identité se forme progressivement dans une relation mutuelle entre l’individu et sa mère, et plus tard avec la société. Il considère qu’une grande partie de l’identité personnelle est inconsciente à l’individu et à la société. L’identité  est l’expérience accumulée de la capacité du moi pour intégrer toutes les identifications avec les vicissitudes de la libido, avec les aptitudes développées à partir de ce qui est congénital et avec les occasions offertes dans les rôles sociaux.

Carvajal (1993) considère que l’adolescence est une crise, celle de l’identité sexuelle, de l’identité personnelle et d’autorité. C’est une crise narcissique et identificatrice, avec des angoisses intenses sur l’authenticité et l’intégrité du moi, du corps et du sexe. L’adolescence se finalise avec l’intégration d’identité personnelle, sexuelle, des choix professionnels et de couple.

Erikson a aussi défini un concept d’identité négative, qui est la mauvaise identité inconsciente constituée par le désir de ne pas paraître à l’autre. Cet autre peut être représenté par l’image du corps de l’autre sexe, de l’autre groupe ethnique, de l’autre groupe culturel, de la minorité exploitée, etc.

2.2. Mécanismes de formation de l’identité personnelle

A part les inférences de quelques auteurs (Rascovsky, 1960), la psychanalyse n’a pas développé des théories sur le psychisme fœtal. Je considère que les enfants ont une certaine «prédestination» même avant de naître, une certaine «pré-identité», dues au fait que l’enfant, avant sa naissance,  a déjà fait l’objet d’espoirs conscients et inconscients par ses futurs parents et par le groupe social auquel ceux-ci appartiennent. En outre, les caractéristiques de ses parents, le moment historique et le lieu géographique de la naissance font partie du «destin» du nouveau-né qui affecte la formation de son identité.

Toutes les théories métapsychologiques sur le développement des relations interpersonnelles, de la personnalité, du self ou de l’identité personnelle pendant les premières années sont adultomorphes, c’est-à-dire que l’adulte imagine depuis ses expériences propres ce qu’il peut sentir ou penser un bébé. Les théories de développement psychogénétique élaborées par Freud, Abraham, et Kohut se sont basées sur des constructions depuis les traitements psychanalytiques d’adultes, tandis que les théories de Klein, Erikson, Winnicott, Spitz, Mahler, Bowlby et de Stern se sont basées beaucoup plus sur des observations plus ou moins systématiques de bébés et d’enfants. Malgré tout cela, il n’existe pas d’unanimité sur le développement psychogénétique, comme il n’existe pas non plus une théorie unifiée de psychanalyse.

Hartmann (1964) a différencié le concept du self (soi-même) du concept du moi considère comme une des instances de la théorie structurelle. Dans ce cas, le self représente toute la personnalité du sujet et s’oppose au monde externe. Jacobson a proposé le terme de «identité du self» dans le sens que le self se développe progressivement comme une entité organisée et différenciée, séparée et différente du monde externe, qui a continuité et capacité d’être soi-même dans la succession des changements et forme la base de l’expérience émotionnelle de l’identité. Il s’agirait d’une «identité du self», et non d’une identité du moi qu’Erikson avait utilisée dans sa définition de l’identité personnelle (cité par Grinberg et al. 1971).

León et Rebeca Grinberg,dans leur œuvre «Identidad y cambio» (Identité et changement) (1971), ont révisé et redéfinis les concepts du moi, du non-moi, du self, du non-self et d’identité, et ont proposé un nouveau modèle de l’appareil psychique. Plus tard, L. Grinberg a approfondi et complété ces concepts dans son œuvre «Teoría de la identificación» (Théorie de l’identification) (1976a). Selon les Grinberg, le self ou la personnalité totale ou le monde interne a une partie nucléaire et une partie orbitale. Le self nucléaire est le siège des identifications introjectives, des fantaisies de la totalité du self, du moi et de l’identité. Dans ce modèle, le moi corresponds à l’instance psychique de la théorie structurelle décrite par Freud, qui inclut en outre les fantaisies inconscientes du self. La partie orbitale du self correspond au non-moi et contient les représentations des objets internes (introjectes), des objets externes et des fragments dissociés du moi. Le self inclut alors le moi (self nucléaire) et le  non-moi (self orbital), et devient la totalité de la personne elle-même; il inclut aussi le corps, la structure psychique, le lien avec les objets externes et internes et le sujet comme opposé au monde externe. Le non-self comprend les objets externes. Dans ce modèle, le moi est encore, comme dans la théorie structurelle, l’agent actuel du self, comme récepteur, organisateur et effecteur du self à chaque moment.

Dans ce modèle, le moi peux être dissocié, et ses fragments sont placés dans la partie orbitale du self et ces parties peuvent aussi être projetées sur les objets externes. En outre, le moi peux faire ses projections sur les objets internes orbitaux (projections intrapsychiques). D’une part, ces parties dissociées perdent la qualité du moi, c’est-à-dire qu’elles cessent d’appartenir à la fantaisie inconsciente du self dans le moi. Autrement dit, les parties dissociées cessent d’être dans le noyau et ne font plus partie de l’identité. D’autre part, les aspects du self peuvent être sentis par le moi comme appartenant au non-self par le mécanisme de l’identification projective pathologique.

Selon ce modèle, l’introjection nucléaire (identification introjective) forme une identification qui fera une partie de l’identité du sujet, tandis que l’introjection orbitale forme la représentation d’un objet interne. Dans l’introjection nucléaire, le self sent «avec» l’objet, tandis que dans l’orbitale, le self sent «vers» l’objet. Certaines caractéristiques des objets internes (orbitaux) peuvent aussi passer au noyau du self et faire partie de la structure du moi central et de l’identité de l’individu. Alors, l’expérience de l’identité est construite au moyen d’une séquence continue d’identifications introjectives qui mènent à une intégration d’états successifs de l’appareil psychique et des relations objectales.

L’identification mûre (introjective), qui a comme précondition la différenciation entre les représentations du self et de l’objet,  est sélective, c’est-à-dire les aspects partiels de l’objet sont incorporés en manière stable à la représentation du self dans le moi, en l’enrichissant avec une nouvelle habilité ou qualité.

Les Grinberg proposent que le sentiment d’identité s’acquière et se maintient comme résultant d’un processus d’interrelation continue entre trois liens qu’ils ont respectivement appelé liens d’intégration spatiale, temporale et sociale. Le lien d’intégration spatial comprend la relation entre les différentes parties du self entre elles, y compris le self corporel, maintenant ainsi sa cohésion et permettant la comparaison et le contraste avec les objets, et tend à la différenciation du self et du non-self, comme une individuation. Le lien d’intégration temporal comprend les relations entre les différentes représentations du self dans le temps, établissant une continuité entre ses représentations dans le passé et dans l’actualité, incluant aussi une certaine prévision du self dans le futur, en accordant ainsi la base du sentiment d’être le même. Le lien d’intégration social est celui qui se réfère à la connotation sociale d’identité et est donné par la relation entre les aspects du self et les aspects des objets au moyen de mécanismes d’identification projective et introjective. Les interrelations de ces trois liens et leurs intégrations, c’est-à-dire le sentiment d’identité, ont des parties conscientes, préconscientes et inconscientes.

Les mêmes auteurs considèrent que le sentiment d’identité est éprouvé par le sujet, tandis que le concept de personnalité se réfère à l’individu comme il est vu par un observateur, et le caractère ferait partie de la personnalité.

Le concept du self défini par la psychologie de self (soi-même) (Kohut, 1971) s’imbrique avec le concept d’identité des Grinberg. Selon la psychologie du self, le self est le noyau de la personnalité sans correspondre à aucune instance de la théorie structurelle (ça, moi, surmoi). Ce self est un concept plus proche à l’expérience et il a une cohésion, une unicité, une continuité, des mémoires et expériences propres.

Je pense qu’on peut aussi considérer les différents sens du self décrits par Stern (1985) (selfs émergent, nucléaire, subjectif et verbal) pendant le développement psychogénétique comme composants de l’identité personnelle. Selon Stern, ces différents sens du self s’imbriquent, se conservent et évoluent durant toute la vie de chaque individu.

2.3. Évolution de l’identité personnelle

Selon les Grinberg (1971), les intégrations temporales se basent sur les souvenirs des expériences passées, en même temps elles forment de nouveaux souvenirs qui restent stockés dans l’inconscient. Ces souvenirs intégrés, assimilés et automatisés permettent le processus d’apprentissage et la reconnaissance de l’identité propre à travers le temps.

Mais le devenir temporal de l’identité est perturbé par des crises successives de la vie. Aux crises évolutives (naissance, sevrage, situation œdipienne, adolescence, âge adulte, vieillesse) s’ajoutent les crises vitales particulières, déterminées chez chaque individu par les vicissitudes de son histoire unique et personnelle. Les changements dans le milieu social, politique et économique mettent à preuve aussi le sentiment d’identité et l’obligent à des réélaborations continues. Ainsi, les intégrations successives temporales de l’identité se produisent chez l’individu entre les images de soi-même et de l’objet, à différents moments de l’expérience vécue. La capacité d’être soi même à travers la succession de changements forme la base de l’expérience émotionnelle d’identité.

Les Grinberg considèrent que l’évolution de chaque individu est une série ininterrompue de changements, petits et grands, à travers l’élaboration et l’assimilation duquel se reconstitue le sentiment d’identité. Le changement implique la perte des structures préalables et des parties du self liées à elles, qui sont senties comme des menaces de perte d’identité et produit de l’angoisse. L’angoisse intense face au changement peut produire des déséquilibres et des réactions pathologiques dans l’organisation de l’identité et de la personnalité, où le sujet, pour ne pas changer, s’attache avec angoisse à son identité précédente.

La cohésion du self, qui soutient l’identité, est maintenue dans certaines limites et peut éprouver des modifications ou des pertes dans des circonstances déterminées. Quand ces modifications ou ces pertes se produisent «normalement» elles donnent du temps au moi pour être reconstitué des perturbations quotidiennes transitoires de l’identité, que la plupart du temps passent inaperçues. Dans des cas pathologiques il se produit des perturbations graves de l’identité et de la cohésion du self (dépersonnalisation, psychose, etc.).

Parfois, l’adulte peut interroger sa vie et son identité, et avoir ce qui a été appelé «la crise de la moitié de la vie». C’est une époque d’évaluation où l’individu regarde à ce qu’il a fait jusqu’alors aux niveaux personnel, professionnel et familier. L’élaboration de cette crise exige un «insight» mûr de la mort et l’acceptation des phénomènes du vieillissement, la croissance des fils, ainsi que de la reconnaissance que l’enfance et la jeunesse sont parties et on doit effectuer un deuil pour elles. Suite à l’élaboration dépressive de cette crise se produit un renforcement de la capacité d’accepter et de tolérer le conflit, l’ambivalence et l’imperfection (Brainsky, 1984).

Dans la vieillesse, qu’Erikson a appelée l’âge d’intégrité face au désespoir, le sujet acquiert le renoncement et la sagesse. Seulement l’homme qui a bien préparé son terrain avec le sentiment d’avoir veillé aux choses et aux personnes, d’avoir pu s’adapter aux triomphes et aux échecs inhérents à sa condition humaine, d’avoir produit d’autres membres de l’espèce ou d’avoir légué des idées au trésor commun, peut prétendre récolter les fruits positifs des étapes précédentes de sa vie. Les qualités d’un moi intégrale se caractérisent par la sécurité de la direction propre vers ce qui est significatif et ordonné, par la défense et la confiance à l’intégrité du style de vie vécu. Las insuffisances dans cette intégration se reflètent dans l’attitude qu’on a devant la mort et la peur qu’elle produit. Le désespoir exprime le sentiment que le temps est trop court, qu’il ne vaut pas la peine de prouver des nouvelles alternatives et expériences; c’est un sentiment que le temps a été gaspillé, associé à l’amertume et au ressentiment avec soi-même et avec les autres.

Selon Erikson, la crise d’identité a un caractère psychique et social; elle peut être consciente ou inconsciente; peut provoquer des états mentaux contradictoires, comme sensation de vulnérabilité accentuée et en même temps l’espoir de grandes possibilités individuelles. Les facteurs psychosociaux peuvent prolonger la crise: quand les caractéristiques idiosyncrasiques d’une personne demandent une recherche prolongée du cadre idéologique et professionnel correspondant, ou quand le changement historique oblige à postposer le compromis de la maturité. La crise dépend pour sa conclusion de la viabilité des rôles qui sont offerts. De fait, chaque étape postérieure de la maturité doit contribuer au maintien et à la rénovation de l’identité.

Je considère que, une perspective actuelle du domaine politicosocial, économique et même scientifique, nous montre un panorama suprêmement complexe, confus et confusionnel de notre identité. L’ère postmoderne questionne tout ce qui est établi pendant l’évolution culturelle et induit plus de confusion du sentiment d’identité.

Les Grinberg considèrent que tous les patients qui viennent à la psychanalyse ont une identité affectée, dans un plus grand ou plus petit degré. Selon eux, le cadre (setting) et l’analyste servent comme continent qui intègre les «morceaux d’identité» dissociés du patient dans ses liens spatiaux, temporaux et sociaux. Les transferts de l’analysant et leur résolution pendant le processus psychanalytique consolident le sentiment d’identité et la cohésion du self. La régression est un autre  facteur essentiel dans l’acquisition et la consolidation de l’identité dans l’analyse, puisqu`elle permet au patient de revivre différents moments de son évolution, ceux qui avait déterminé la pathologie de son identité. Winnicott (1954) et Balint (1967) ont aussi considéré nécessaire la régression pour le traitement, puisqu’il permet de retourner en arrière pour défaire le «faux self» et de réinstaller à nouveau le self authentique, ou pour une «renaissance» (new begining), respectivement.

Selon les Grinberg, le sentiment d’identité passe par différentes crises tout au long de son évolution dans le processus psychanalytique. Ces crises commencent, généralement, avec des caractéristiques schyzoparanoiques marquées et sont résolues à travers des mécanismes dépressifs. Quand les pseudoidentités et les façades commencent à s’écrouler prédominent les aspects schyzoparanoiques, tandis que dans les étapes finales du processus analytique prédominent les aspects dépressifs des crises d’identité. Considérant ce qui précède, il est «normal» que les candidats-patients soient en crise d’identité étant donné leur analyse personnel sans considérer d’autres facteurs (séminaires, évaluations, supervisions, facteurs externes à la formation) que peuvent amplifier ces crises.

Je pense que, dans le processus psychanalytique, chaque insight induit une microcrise d’identité, mais son élaboration comme une nouvelle connaissance de soi-même intègre aussi chaque fois plus le sentiment d’identité et la cohésion du self. Je suis aussi d’accord avec ceux qui considèrent que les techniques d’appui et de manque de neutralité dans la situation psychanalytique compliquent le processus de différenciation-individuation et intégration de l’identité propre de l’analysant (voir la section 3).

2.4. Identité sexuelle

Je considère que Freud a été «phallocentrique» et a défini l’identité de la femme par ce qu’elle n’a pas, comme non-homme (envie de pénis), au lieu de l’identifier par tout ce qu’elle a et pour ce qu’elle est. Tandis que Klein a été «sein-centrique» dans ses théorisations métapsychologiques (Etchegoyen, 1985). En plus, ni Freud ni Klein ont suffisamment pris en considération les aspects familiaux et culturels qui affectent le développement biopsychosocial de chaque sujet.

Selon les Grinberg (Grinberg et al. 1971), un des aspects le plus important de l’identité personnelle est le sentiment d’identité sexuelle, qui se base sur des expériences corporelles depuis la plus précoce enfance jusqu’à l’âge adulte, corrélatives de fantaisies très complexes, de caractère libidineux et agressif par rapport aux objets primaires, préœdipiens et œdipiens. Ces fantaisies prennent un caractère spécifique dans chaque individu en fonction de son histoire personnelle et de son expérience vécue. A ceux-ci s’ajoutent aussi les significations assignées à la masculinité et à la féminité par les coutumes culturelles de chaque société.

Kernberg (1995) considère que la bisexualité psychologique dérive de l’identification inconsciente de l’enfant (enfant étant utilisé ici comme sans parole) avec les deux parents. Cette identification bisexuelle est contrôlée par la nature de l’interaction mère-enfant, dans laquelle s’établit aussi l’identité générique nucléaire. L’importance sociale et culturelle donné à l’assignation et à l’adoption de l’identité du genre nucléaire serait renforcée par la nécessité intrapsychique d’intégrer et de consolider une identité personnelle. Au-delà de l’existence de la bisexualité hormonale ou embryologique, il existe des arguments suffisants pour admettre que l’identité générique prédominante est une acquisition surtout psychologique promue par le milieu sociale.

Selon Kernberg, l’identité se construit à partir de l’identification avec la relation à un objet, et non avec un objet en soi. Ceci implique une identification avec le self propre et aussi avec l’autre dans son interaction, et une internalisation des rôles spécifiques de cette interaction. Le lien entre l’identité générique nucléaire et l’élection de l’objet souhaité sexuellement expliquerait la bisexualité intrinsèque du développement humain: «nous nous identifions tant avec notre self qu’avec notre objet de désir «, dit Kernberg (op. cit. p.38).

Le même auteur considère aussi que pendant l’adolescence se produit normalement l’intégration de la sexualité dans le self. Dans des conditions d’une plus grande maturité, d’une identité plus intégrée, la relation sexuelle s’intègre dans un lien affectif plus complet et  fortifie le sentiment d’identité.

2.5. Rôles sociaux et identité professionnelle

Je suis d’accord avec la considération des Grinberg (1971, 1976a) dans le sens que l’identité inclut aussi la combinaison spécifique de rôles de chaque individu, en acceptant que chaque individu remplit ses rôles à sa manière. Il faut noter que le rôle peut associer aussi avec le faux self ou la personnalité «comme si», dans ce cas le rôle ne ferait pas partie de l’identité personnelle mais serait exécuté par imitation suite à une introjection orbitale de ce rôle. L’identité authentique serait «être quelque chose», tandis que fonctionner «comme quelque chose» serait un pseudo identité. Effectuer des rôles pour fonctionner «comme quelque chose», aliéné de soi-même, implique une identité précaire, fausse, qui est assumée pour manquer de la capacité pour «être quelque chose» et d’authenticité, et qui exprime la soumission passive à la société et à ses exigences.

L’identité authentique se produirait par assimilation comme l’aboutissement des identifications mûres qu’implique l’authenticité dans la manière de penser, de sentir et d’agir de l’individu. L’assimilation suppose la métabolisation, dans les termes propres, de ce qui est intégré et internalisé et ses manques se refléteraient dans des syndromes cliniques du type «personnalité comme si» de Hellen Deutch et » faux self» de Winnicott, dans lesquels on observe des individus caractérisés par des adaptations peu profondes, d’enthousiasmes intenses mais transitoires, de sensations fréquentes de vide et de manque d’authenticité (Brainsky, 1984).

L’identité professionnelle formerait un des aspects complémentaires importants de l’identité totale de l’individu. Les uns la considèrent comme une subidentité ou une identité partielle. Cela dépendrait de l’importance et du lieu que l’activité professionnelle occupe dans la vie de l’individu, de la continuité avec laquelle elle est exercée et la part de soi-même qui se sent compromit en elle. Je pense que l’identité psychanalytique est une identité professionnelle «singulière» que nous verrons du point de vue de sa signification, de sa formation et de son évolution.

3. IDENTITÉ PSYCHANALYTIQUE

Dans cette partie je traiterai quelques aspects des motivations pour être psychanalyste, ce qu’est la psychanalyse, la construction de l’identité psychanalytique à travers l’analyse didactique, les séminaires et les supervisions, et l’évolution de cette identité.

3.1 Motivations pour la vocation àêtre psychanalyste

Chaque aspirant à la formation a déjà une identité professionnelle, plus ou moins intégrée avec son identité personnelle préalable. Il existe sûrement de multiples facteurs conscients et inconscients dans des combinaisons différentes de chaque aspirant à la formation en psychanalyse qui déterminent sa vocation. À côté du facteur de progrès dans la profession et de prestige il existe aussi le désir de connaître le fonctionnement de sa propre psychologie. S’orienter vers la formation en psychanalyse peut aussi être la justification de se psychanalyser sans accepter consciemment que nous ayons besoin de traitement pour nos «malaises». Un autre facteur principal est la réalisation d’un idéal, évalué culturellement, d’aider autrui dans ses souffrances, qui aident aussi à nous réparer.

Greenson (1967) considère que le désir de comprendre un autre être humain de manière tellement intime, et d’obtenir l’insight, vient autant des pulsions libidinales que des agressifs. Ce désir peut avoir son origine dans les aspirations de fusion symbiotique avec la mère ou dans les pulsions hostiles et destructives contre les entrailles de cette dernière. L’obtention de l’insight peut aussi être un reste d’aspirations de toute-puissance, de la curiosité sexuelle de la phase d’Oedipe, du voyeurisme frustré de l’enfance, ainsi qu’une compensation tardive pour avoir été exclu de la vie sexuelle des parents. La transmission de la compréhension à un patient peut inconsciemment être une activité de soins maternels, une façon de donner à manger, de protéger ou d’enseigner le patient-enfant. Il peut aussi être employé inconsciemment comme un moyen de reconstituer le contact et la communication avec un objet d’amour jusque là non compréhensif, ou perdu.

Greenson souligne aussi que le lieu d’origine d’une motivation donnée n’est pas le facteur décisif pour déterminer sa valeur ou son discrédit. Le plus important est le degré de desinstinctualisation et de neutralisation atteintes qui permet que la fonction d’être transmetteur de la compréhension se transforme en une «fonction du moi» sûre, autonome et relativement libre des conflits. L’important est que l’alimentation, la protection ou l’enseignement soient exemptes des éléments sexuels ou agressifs et qu’ils ne soient pas indûment excitants ni causent de sentiment de culpabilité.

Crisanto (1989) pense qu’en étudiant un autre être humain, en voulant connaître les autres, nous cherchons à nous étudier, à  connaître nous-mêmes. Gastelumendi (1989) considère que la motivation pour nous former comme des psychanalystes est semblable aux motivations de toute personne pour chercher l’analyse: c’est-à-dire vouloir être libéré de la souffrance névrosée et le désir de mieux se connaître et plus profondément. En outre, c’est une volonté de connaître et comprendre le monde, un désir philosophique.

Villareal et al. (1981) considèrent que la tâche quotidienne de la thérapie psychanalytique est difficile et souvent pénible pour l’analyste qui a besoin un peu de plaisir dans l’accomplissement de ses obligations, pour pouvoir avoir un intérêt vif et une préoccupation pour ce que se passe chez ses patients. Le plaisir d’écouter, regarder, explorer, imaginer et comprendre est non seulement licite mais nécessaire pour une efficacité optimale de l’analyste. En outre, l’analyste partage ses connaissances et découvertes avec le patient beaucoup plus que d’autres docteurs et ceci l’approche plus à la profession enseignante. Le psychanalyste peut s’exprimer dans ses activités de manière unique et personnelle, c’est-à-dire créative et artistique avec toutes ses rétributions narcissiques légitimes, qui entraîne aussi un rapprochement à l’idéal du moi analytique.

3.2. Qu’est-ce que la psychanalyse?

Je considère que si nous ne savons pas clairement ce qu’est la psychanalyse nous ne pouvons pas non plus construire, consolider et maintenir une identité psychanalytique définie.

Freud même avait défini la psychanalyse comme: d’abord, une méthode de recherche des processus animiques inconscients; deuxièmement, une psychothérapie spéciale des maladies nerveuses; et troisièmement, comme une nouvelle psychologie.

Il faut ajouter que la psychanalyse comme psychothérapie a cessé d’être une technique pour traiter les symptômes des maladies nerveuses pour évoluer vers un type de relation où est traitée et analysée toute la personnalité; où on cherche non seulement l’absence de maladies mais la présence de bien-être, l’authenticité, l’intégration de l’identité personnelle, certaine harmonie avec soi même et avec les autres qui inclut l’acceptation de l’inévitabilité des conflits, les ambivalences et la mort.

Quant à la discussion épistémologique de savoir si la psychanalyse est une science naturelle (empirique, explicative, causale, déterministe) ou une science humaine (spirituelle, compréhensive, indéterministe, interprétative ou herméneutique) (Diazgranados, 2000), je suis d’accord avec ceux qui considèrent que la psychanalyse est à la fois une science naturelle (elle cherche des généralisations sur le fonctionnement mental des êtres humains en construisant des modèles métapsychologiques et les théories de développement, et essaye de prédire le futur) et aussi une science humaine (elle s’intéresse au cas particulier unique de chaque personne, à chaque histoire, à ses intensions et au sens de ses actions) (Wallerstein, 1976).

La psychanalyse considérée comme science naturelle n’a pas le même degré de certitude statistique que les sciences physiques, mais l’acquiert chaque fois plus dans ses théories qui se basent sur les études et les observations en utilisant des comparaisons statistiques (Bowlby, 1969; Stern, 1985) au lieu de se baser uniquement sur les constructions à partir de cas cliniques d’adultes. D’autre part, la psychanalyse, dans son application thérapeutique, considère que chaque personne est unique, très complexe et multi déterminée, avec un certain degré de liberté de choisir. C’est pour cela qu’on ne peut pas prévoir avec exactitude l’évolution du processus psychanalytique d’un patient. En plus, dans la situation analytique, nous espérons et aidons le patient pour qu’il ait et exerce chaque fois plus sa liberté, au lieu d’être soumis à ses compulsions, à ses symptômes, à ses inhibitions et à son passé.

L’existence d’écoles psychanalytiques différentes, parfois avec des points de vues totalement contradictoires, a amené la communauté psychanalytique, dans les deux dernières décennies, à chercher des convergences, des coïncidences ou des bases communes entre elles (Kulka, 1988; Plata, 1988; Wallerstein, 1988; Killingmo, 1989; Márquez, 1990; Hambourg, 1991). Selon Kernberg (1993). Nous pouvons aussi constater certain rapprochement dans les techniques des différentes écoles. Cette nouvelle perspective était inévitable, puisque toutes les écoles partent du fait clinique d’une relation similaire (l’interaction analyste-patient) et terminent dans la construction théorique du fonctionnement psychologique de l’être humain individuel en rapport avec d’autres personnes.

Je suis partisan qu’on construise un «supermodèle» du fonctionnement mental ou un modèle multiaxial (Kolteniuk (1987) qui intègre une vision convergente de la multiplicité conceptuelle qui menace de fragmenter notre domaine d’étude. Ce supermodèle ou modèle multiaxial ne doit pas supprimer nécessairement la richesse et les différences des modèles existants.

Le psychanalyste cherche les «vérités» de son analysant en collaboration avec lui, et non les «vérités» de ses théories propres. C’est pour cela que les interprétations doivent être formulé sous forme d’hypothèse de manière à pouvoir être réfutées ou confirmées par l’analysant (Crisanto, 1989; Alvarez, 1996).

Certains psychanalystes croient encore à l’existence d’une communication infaillible entre son inconscient et celui du patient, comme l’avait affirmé Freud (il avait comparé avec la communication téléphonique). Sûrement ces mêmes psychanalystes peuvent prétendre, de manière omnipotente et omnisciente, avoir la vérité sur ses patients et la leur imposer. Je suis d’accord avec Millonschik de Sinay (1989 p. 203 et 204) quand il dit : «Tout sentiment de l’autre est compréhensible par introspection et peut être inféré par homologie: seulement on peut connaître la douleur propre et inférer celle d’autrui…’’ L’analyste, en réalité, sait de lui-même; et, en se basant sur le concept de l’identification, il applique cette connaissance à l’autre. Tout l’accent mis dans la théorie du contretransfert et dans l’importance de l’analyse des candidats psychanalyste doit être considéré sous cet aspect. Ainsi, quand plus s’étend la boîte de résonance de l’analyste, plus il se transforme en quelqu’un qui est capable de vibrer en s’approchant à «Rien de ce qui est humain m’est étranger» de Tacite».

Le paradigme freudien a introduit une révolution scientifique, et est dans sa phase d’évolution «normale»; c’est-à-dire qu’on doit écarter les hypothèses dont l’invalidité ont été démontrée (Kuhn, 1962, Pollock, 1976; Thomä, 1976). Laverde (1998) donne les arguments pour réfuter plusieurs théories freudiennes dans son article «Les erreurs les plus notoires de la théorie psychanalytique».

Une des particularités fascinantes de la psychanalyse est le fait que le psychanalyste applique des techniques et des théories à des situations qui sont toujours nouvelles et uniques. La bonne interprétation, celle qui aide, porte la marque d’une petite création. Le psychanalyste dans son cabinet, au-delà des discussions épistémologiques, a une intention thérapeutique. Mais l’interprétation peut devenir aussi une arme violente et mortelle s’il est utilisé hors du cabinet, ou dans le cabinet mais sans empathie, sans timing ni dosage (Sterba, 1947; Castoriadis-Aulagnier, 1975). Il faut reconnaître que nous pouvons avoir (et nous en avons parfois) des interventions antithérapeutiques et iatrogéniques qui peuvent traumatiser nos patients (Alvarez, 1996). Nous pouvons diminuer les interventions iatrogéniques si nous sentons pour nos patients un amour sérieux tout en considérant qu’ils sont tous, dans une certaine mesure, des fils malades ayant besoin d’aide, quelque soit le masque qu’ils portent (Racker, 1960; Greenson, 1967).

Nous devons nous considérer, non seulement comme des thérapeutes s’occupant de patients, mais aussi comme des hommes de science pouvant explorer d’autres domaines; et en qualité de chercheurs psychosociaux, nous pouvons avoir de l’influence sur la manière que prendra notre futur collectif, en prenant part dans l’accumulation de nouvelles données et dans l’élaboration de nouveaux concepts (Wallerstein, 1976; Pollock, 1976).

3.3 Formation de lidentité psychanalytique

La psychanalyse, comme science et  thérapie, après ses débuts difficiles, a été largement reconnu et  accepté par la société pendant les trois décennies suivant la seconde guerre mondiale, surtout aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Argentine. Durant les années soixante-dix ont commencé à apparaître beaucoup d’autres formes de psychothérapie et aussi une certaine mise en question de la psychanalyse. Les directeurs de l’Association Psychanalytique Internationale (API), sentant un certain malaise de ses sociétés composantes, ont organisé en 1976 en Grande-Bretagne un premier symposium avec la participation de quelque 40 psychanalystes expérimentés pour traiter et discuter uniquement sur le sujet de l’identité du psychanalyste (Joseph et al. 1976). Depuis lors, les réflexions des psychanalystes sur leur identité professionnelle ont été plus fréquentes (De Blondet et al. 1989; Gómez, 1998; Brainsky, 2003; Plata, 2003; Villareal, 2003). Il est possible que la crise soit le motif de définir ou redéfinir mieux notre profession et notre identité personnelle et professionnelle; parce que, contrairement à d’autres secteurs de la science, où l’identité professionnelle se base principalement sur la somme des connaissances acquises et dans l’habilité de les mettre en pratique, l’identité analytique repose, outre ceux-ci, surtout sur la personnalité du sujet et sur sa transformation. La transformation de la personnalité et de l’identité se produit non seulement dans l’analyse personnelle, mais aussi à travers les séminaires et les supervisions. Un processus psychanalytique bien réalisé devrait mener à ce qu’un individu soit transformé en un sujet avec une identité propre; et une formation psychanalytique bien réalisée devrait conduire le candidat vers une identité psychanalytique.

Bien que le concept d’identité soit explicitement devenu psychanalytique avec Erikson, il avait au préalable été suggéré, sans mots, à travers une attitude et un compromis inconscient et conscient par Freud. Effectivement, Freud, notre mythique et génial fondateur, a créé et construit à travers tous ses écrits une nouvelle identité professionnelle. Son génie se trouve d’avoir découvert les processus inconscients non seulement chez ses patients mais aussi chez lui-même. Dans ses lettres historiques et héroïques d’automne de 1897, il écrit à Fliess: «Le principal patient dont je m’occupe est moi-même… Cette analyse (autoanalyse) est plus difficile qu’aucune autre et aussi elle me prive de l’énergie psychique nécessaire pour…»(lettre 67). Freud a fait un changement radical dans l’autoperception et le concept de rôles du médecin et du patient. Plus tard, il a été instauré la nécessité que l’analyste lui-même se soumette à un traitement afin d’être réconcilié avec son propre inconscient, avec ses démons propres, et acquérir la capacité d’expliquer au lieu d’éluder ou de condamner les manifestations psychologiques.

Je crois que la principale identité que partage tous les psychanalystes avec Freud est d’accepter qu’il existe un inconscient dynamique systémique efficace dans la production de rêves, délires, mythes, contes de fées, actes manqués, blagues et humour, angoisses, symptômes, inhibitions et aussi dans les actions délibérées. L’identité psychanalytique est alors une identité partagée entre les psychanalystes, sans exclure les points de vue différents.

Wallerstein (1976) considère que nous ne pouvons plus nous reposer sur la seule force de notre identification collective avec Freud. En outre, l’identité psychanalytique s’élabore à partir d’un fonctionnement mental spécifique qui n’arrive pas naturellement et qui doit être appris par chaque génération, puis, renouvelé et découvert de nouveaux par chacun de nous. Pour certains psychanalystes l’acquisition de l’identité est un processus de conversion, non pas une conversion religieuse ni intellectuelle, mais une conversion du cœur. Je comprends que ces auteurs se réfèrent non seulement à la connaissance intellectuelle de la psychanalyse, mais surtout à l’expérience et au compromis émotionnel de l’identité psychanalytique.

L’identité psychanalytique commence à être construite pendant la formation du candidat en incluant une analyse didactique suffisamment bonne pour permettre l’intégration de l’identité personnelle, puis des séminaires où sont étudiés et critiqués scientifiquement les théories et les techniques des maîtres de la psychanalyse, et enfin, les supervisions collectives et individuelles où le candidat apprend de ses erreurs.

Plusieurs auteurs indiquent les régressions et la réactivation des angoisses persécutrices pendant cette formation et ses évaluations. Ces anxiétés persécutrices peuvent aussi induire une attitude plutôt passive pendant les séminaires, une réception sans critiquer ce que se dit, et jusqu’à une difficulté plus ou moins évidente d’exprimer ses idées propres (Bruzzone et al. 1985; Gastelumendi, 1989; Laverde, 1999).

De toute façon, on considère en un changement permanent l’identité d’un étudiant en formation en psychanalyse comme le résultat de son analyse propre, de son apprentissage de différentes théories, parfois contradictoires entre elles, et de ses supervisions qui questionne la technique habituelle et introjectée de son analyste didactique. Le processus continu de changement de l’identité personnelle et professionnelle de l’étudiant en psychanalyse induit aussi des crises permanentes à intensités variables qui requièrent beaucoup de flexibilité de sa personnalité pour les élaborer de manière adaptative et créative.

Joseph (1976) considère quela période qui caractérise la formation psychanalytique est marquée par une succession d’identifications à l’analyste didactique, aux superviseurs, aux professeurs et aux autres candidats qui donnent en finale un sentiment d’identité en tant que psychanalyste. Selon l’auteur, cette identité est marquée intérieurement par la capacité de penser, de sentir et de réagir comme un analyste. Autrement dit, quand on observe une conduite humaine, on doit considérer l’existence et l’œuvre du fonctionnement mental inconscient, des fantaisies, des résistances et des affects. Les communications verbales ou non verbales de l’analyste sont filtrées à travers ses propres réactions d’idiosyncrasies connues et prises en compte au moment de la réponse. Quelques qualités idéales de la fonction psychanalytique seraient: empathie, compréhension, créativité, intégrité et éthique personnelles qui favorisent la confiance de base du patient; faculté de penser dans les circonstances défavorables, en évitant les acting outs et les séductions qui résultent du transfert et du contretransfert; tolérance à un certain type de frustration qui résulte des mécanismes d’isolement, du manque de résultats immédiats, de l’impossibilité transitoire de comprendre, etc.; capacité d’attendre et de soutenir une attention libre, capacité de faire face aux incertitudes, mystères, doutes et semi-vérités, sans se sentir obligé de chercher les raisons et les réalités des faits, etc. Le thérapeute ne doit pas résoudre ses pulsions et conflits sexuels, agressifs et narcissiques en utilisant ses patients. Chacune de ces pulsions peuvent se montrer avec «mille et une» faces différentes, et leur satisfaction peut adopter des manières très subtiles.

L’importance de l’adhésion à un groupe de psychanalystes pour le développement de l’identité psychanalytique a mené à de nombreux instituts et sociétés à accepter des candidats dans différents comités (Joseph, 1976; Gitelson, 1976).

Idéalement, on considère que sans la neutralité et l’abstinence il n’existe pas de psychanalyse, mais un autre type de psychothérapie. Mais, en même temps, on pense que la neutralité est un idéal inaccessible et on ne peut qu’essayer de s’y approcher. La seule tentative de neutralité possible est la conscience de notre absence de neutralité. Une des manières de cultiver un certain degré de liberté en notre analysant face aux influences personnelles est de lui permettre constamment de pouvoir diverger ou de concorder avec l’analyste.

Je partage l’opinion de Kestemberg (1976) qui considère que l’objectif de la formation est l’acquisition de la capacité d’analyser, c’est-à-dire l’acquisition d’une fonction analytique propre qui implique une autoanalyse pour assurer l’identité psychanalytique. La formation aurait aussi pour but d’harmoniser l’identité personnelle avec l’identité psychanalytique.

3.3.1. Psychanalyse didactique

A. Freud (1976)  commente le cas d’un candidat qui venait de terminer son analyse didactique et d’être accepté à l’institut; celui-ci aurait déclaré : «Je vais maintenant commencer une véritable analyse, et cette fois, ceci sera pour moi, et non pour ma carrière!». Cette anecdote caricature les difficultés et les particularités de la psychanalyse, appelé de manière ambiguë, ou peut-être de façon erronée, didactique.

Avant tout, l’aspirant psychanalyste vient à l’analyse en supposant, consciemment ou inconsciemment, qu’il doit être une personne «normale» pour pouvoir traiter des «anormales». Ce dernier facteur et la possibilité que son analyste puisse rejeter sa candidature (le droit de veto des analystes didactiques sur la candidature de leur aspirant dans les instituts où cela était permis) sont des éléments qui inhibent nécessairement l’association libre de l’aspirant et qui affectent beaucoup ses premiers transferts.

Après l’acceptation de l’aspirant comme candidat vient le sentiment d’être choisi pour être psychanalyste, qui induit généralement plus d’idéalisation de l’analyste didactique et aussi une autoidéalisation du candidat.

Certaines autres particularités et difficultés de la psychanalyse didactique peuvent être énumérées comme suit (Kestemberg, 1976; Kohut, 1984; Laverde, 1988; Parodi, 1989; Laverde, 1992; Wallerstein, 1993; González, 1994; Laverde, 1999):

1. L’analyse didactique serait vécue par certains aspirants ou candidats, du moins au début, comme une modification des objectifs de l’analyse qui aurait comme but d’exercer un pouvoir de l’institution sur l’analysant par l’entremise de l’analyste didactique.

2. L’aspirant et candidat souhaitent connaître non seulement son fonctionnement mental propre mais aussi celui des autres. Cet élément est spécifique depuis l’entrée à l’analyse didactique, comparée à toute autre forme d’analyse personnelle.

3. L’identité commune et l’illusion de la non-séparation ne sont pas uniquement données au candidat mais aussi à son analyste, parce qu’après l’aboutissement de l’analyse ils vont se retrouver dans la même société, ce qui peut stimuler le sentiment d’éternité et d’immortalité. Ce facteur peut profondément affecter le transfert et le contretransfert et compliquer ses résolutions.

4. Généralement, la soumission du patient-candidat à son analyste didactique, qui représente aussi le «surmoi institutionnel», est beaucoup plus grande comparée à celle d’autres patients. D’une part, le candidat et l’analyste didactique ont une obligation, instaurée par l’institut, de continuer l’analyse jusqu’à la fin des supervisions. D’autre part, en cas de difficultés du candidat, il est beaucoup plus difficile d’interrompre ou d’abandonner l’analyse, parce que le candidat perdrait beaucoup plus que son analyse personnelle.

5. Il est fréquent que le candidat scinde ses sentiments perturbateurs avec son analyste didactique et décharge son agression, son envie et sa rivalité sur «des blancs plus sûrs» (enseignants, autres candidats, membres de famille, patients). Selon Parodi (1989), ces mécanismes s’accentuent quand l’analyste didactique, à part d’exercer sa fonction analytique, offre un appui à la carrière professionnelle de son analysant-candidat.

6. Historiquement des difficultés à analyser le transfert négatif et le narcissisme pathologique des candidats ont existées  a cause des difficultés de compréhension et de courte période d’analyse didactiques du début de la psychanalyse. On peut accepter que chaque nouvelle génération a été mieux analysée que la précédente (Gitelson, 1976; Kohut, 1984).

Selon Widlöcher (1976), l’analyse didactique a pour but principal non seulement de prévoir les réactions contre transférentielles excessives et de faciliter son insight, mais aussi d’aider le candidat à vivre sans crainte et même avec plaisir une manière complexe de penser où sont combinés des processus primaires et secondaires, la participation pulsionnelle et affective, et la conscience de cette participation.

Delgado-Aparicio (1989) pense que l’idéalisation de l’analyste par le candidat peut être hautement gratifiante pour tous les deux, comme une «folie à deux». Sans neutralité de l’analyste didactique il n’y a pas de transfert ni de contretransfert et encore moins d’interprétation, par conséquent, on ne peut pas non plus construire l’identité personnelle ni psychanalytique chez le candidat.

Le candidat doit aussi vivre un processus de désidéalisation et de désidentification de son analyste pour construire son identité psychanalytique propre. Idéalement, le candidat-patient s’identifiera seulement à la fonction psychanalytique de son analyste, sans oublier que peuvent exister et persister aussi d’autres types d’identifications.

Par ailleurs, l’analyse didactique doit inclure l’analyse de «caractère» dans la mesure où elle permet de séparer les distorsions et les projections des patients sur son analyste de ses perceptions précises de son analyste.

Une analyse didactique suffisamment bien conduite implique non seulement l’analyse et l’élaboration des points mentionnés ci-dessus, mais aussi et surtout permet au candidat qu’il expérimente et vive l’existence et l’efficacité de ses processus inconscients, qu’il découvre et élabore le mieux possible ses parts névrotiques, perverses, psychosomatiques et psychotiques pour augmenter sa capacité de résonance avec ses patients, pour intégrer chaque fois plus son identité personnelle et psychanalytique.

A. Freud (1976) pense que le candidat apprend aussi la dévotion de son analyste à sa profession, ses efforts à chercher la vérité, l’inspiration, et l’amour à la psychanalyse, que chaque génération d’analystes reçoit de la  précédente. Ainsi, l’identité de l’analyste, ou mieux encore l’identification à la psychanalyse, est transmise de génération en génération.

3.3.2. Séminaires

Dans les séminaires, non seulement on étudie les principales œuvres de S. Freud et d’autres grands maîtres de la psychanalyse, mais on apprend aussi à les critiquer pour favoriser constructivement la pensée et la créativité de chaque participant. Quand cette recherche et cette critique ne sont pas réalisées, alors s’installe le conformisme, l’autoritarisme et la destruction de la créativité des candidats (Diazgranados, 1994; Kernberg, 1996; Fernández, 1998).

Pendant les séminaires sont partagés et comparés les théories psychanalytiques communes à l’institution, aux analystes, et aux candidats. Ceci permet l’autonomie du candidat et sa rencontre avec l’identité de la psychanalyse, qui dépasse les identités de chacun des participants (Kestemberg, 1976). Non seulement des identifications partielles avec Freud et avec d’autres maîtres étudiés se produisent, mais aussi entre les membres du groupe qui prennent part aux séminaires.

Avoir la conviction de la validité des postulats fondamentaux de la psychanalyse et adhérer à ses applications scientifiques comme thérapeutiques font partie de l’identité de l’analyste. Il existe aussi des facteurs et des forces qui troublent le psychanalyste, comme par exemple le manque de compréhension de la méthodologie psychanalytique. Effectivement, une bonne technique psychanalytique est indispensable pour un bon processus psychanalytique (Etchegoyen, 1986; Thomä et al. 1985, 1988). La connaissance et la compréhension profonde de la théorie et de la technique étendent le champ de vision du psychanalyste. En approfondissant plus la théorie, notre tâche devient plus difficile, mais en même temps plus riche.

La connaissance des théories des névroses, des perversions, des processus psychosomatiques et des parties psychotiques de la personnalité donne les bases pratiques pour reconnaître les aspects réguliers de divers syndromes de pathologies. Une bonne connaissance de la typologie des syndromes est la meilleure manière de comprendre l’extraordinaire. Le travail avec les patients, les séminaires de cas cliniques (supervisions collectives) et la lecture des cas cliniques fournit la matière première qui aide à acquérir les bases théoriques et à la formation de l’identité psychanalytique.

3.3.3. Supervisions collectives, supervisions individuelles et  contretransfert

Le candidat met en pratique ses connaissances théoriques et sa fonction psychanalytique en expérimentant et en vivant dans sa relation thérapeutique avec ses patients. Les supervisions collectives et individuelles de ces traitements mettent en évidence généralement l’existence et l’activité des contretransferts inconscients.

Il est bien connu que la supervision collective est comme une «épreuve de feu» pour le supervisé, parce que quand le directeur de la supervision ne met pas les freins ou se fait complice de la situation, des interprétations sauvages se produisent sur la personne supervisée, parfois masquées sous forme de blague ou de pseudohumour. Quand ceux-là se produisent les sentiments de persécution du supervisé augmentent lors des supervisions collectives (Bruzzone et al. 1985; Vargas, 1994). En outre, je suis d’accord avec l’idée de Grinberg (1975) que dire au supervisé «amenez ceci à votre analyse personnelle» est contre-productif, et même agressif. Car, une indication pareille suppose que le candidat n’a ni une capacité d’autoanalyse ni une capacité de savoir lui-même ce qu’il doit amener à son analyse.

Les supervisions individuelles sont effectuées par des psychanalystes didactiques qui sont non-directifs pour permettre ainsi au candidat l’acquisition d’une identité psychanalytique propre (Blomfield, 1985).

Pendant les supervisions, le candidat se trouve aussi face au contraste de techniques psychanalytiques de son propre analyste et de ses superviseurs. C’est aussi le moment d’essayer une certaine intégration des différentes techniques apprises lors des séminaires.

Il y a eu une évolution historique dans l’identité du psychanalyste. La psychanalyse n’est plus une conception réconfortante comme une méthode pour analyser les aspects déterminés du comportement des autres. On s’est rendu compte que la participation de l’analyste dans le processus psychanalytique, avec ses conflits, n’était pas l’exception mais la règle. Il a ainsi été admis, non sans douleur, que «l’objectivité» de l’analyste, évaluée comme neutralité et/ou comme empathie, se manifeste après avoir résolu son conflit du moment et non avant. De cette manière, le contretransfert est devenu un instrument de psychanalyse tout en restant dans certains cas toujours un obstacle (Thomä y col.1985, 1988; Etchegoyen, 1986, 1989).

Je me rallie aux psychanalystes (Finell, 1985; Parodi, 1989) qui considèrent la lutte contre le propre narcissisme pathologique comme essentiel dans l’identité analytique. Prendre conscience de ce défi est important, parce que la pratique analytique est exposée et tentée par des gratifications narcissiques d’idéalisation et de magnificence. Quand la dynamique narcissique de promouvoir l’idéalisation et le pouvoir opèrent chez l’analyste, ce dernier assume une position dominante par rapport à son analysant, qui, par ailleurs, se montre essentiellement soumis et masochiste. Remplacer, par exemple, la relation empathique par de la sympathie, mène d’une part à opérer comme un type d’autorité culturelle en profitant des connaissances psychanalytiques, et d’autre part à imposer à nos patients nos «vérités» personnelles comme des «vérités» universelles. Evidemment, ceux-ci conduisent à des déformations de l’identité psychanalytique. L’analyste peut avoir ses convictions personnelles, y compris sa philosophie de vie ou son idéologie personnelle, mais il doit surtout avoir conscience de ceux-ci pour ne pas les imposer à ses patients. De fait, l’analyste doit être capable d’accepter que ses désirs fassent partie de son contretransfert et de son identité personnelle.

Traditionnellement, il a été accepté que la personnalité du psychanalyste n’intervienne pas dans la situation psychanalytique. Pendant longtemps «il a été interdit» aux analystes d’avoir de contretransfert même si la psychanalyse été né du contretransfert de Breuer avec Anna O. En outre, donnant des noms comme contre-transfert, contre-acting out, contre-résistance ou contre-identification, on a voulu se focaliser surtout sur les réactions de l’analyste devant les transfert, acting out, résistanceou identification des patients. Actuellement, on accepte plus que les identifications projectives (transferts) se produisent dans les deux sens, entre l’analyste et son patient (Grinberg, 1976a; Delgado-Aparicio, 1989; Hamilton, 1990; Cabrera et al.1993).

Il faut rappeler aussi les propos de Strachey (1947-48) qui soutient l’idée que pour pouvoir faire des interprétations mutatives, l’analyste doit éviter toute conduite réelle qui peut confirmer au patient qu’il est un bon ou mauvais objet. Dans des cas d’identifications projectives de l’analyste envers son patient (par exemple son surmoi archaïque) la compréhension des transferts et surtout ses interprétations mutatives deviennent impossibles (Caper, 1995).

Il faut souligner la rectification que L. Grinberg (1976a) a faite de son concept presque magique de contreidentification projective. Selon lui, au moyen du contretransfert complémentaire décrit par Racker (1960), chaque analyste s’identifie aux objets internes de son patient et réagit avec une modalité personnelle selon la nature de ses conflits propres. Il faut dire aussi que différents analystes réagissent de différente manière face au même matériel du patient. Par contre, un même patient, utilisant d’une manière spécifique et intense son identification projective, provoque la même réponse contretransferencielle chez différents analystes. Mais postérieurement, Grinberg a ajouté le concept du seuil critique, variable selon le psychanalyste, à partir duquel se produiraient la contreidentification projective et son actuation (acting out). Ce seuil dépendrait, dans chaque cas, de la personnalité de l’analyste, de son analyse préalable et du degré de connaissance ou de conscience qu’il a de ce phénomène.

Les vastes connaissances des transferts et des contretransferts possibles du candidat-analyste vers ses patients et leurs découvertes (insight) avant, pendant ou après les sessions de supervisions intègrent chaque fois plus l’identité personnelle et psychanalytique de celui-ci.

Une des importantes tâches de la supervision consiste à la révision critique des interventions du supervisé et les réactions de son analysant à ceux-ci, d’autant plus qu’il s’avère plus facile d’apprécier la capacité de l’analysant de «évaluer» (réfuter ou confirmer) les interprétations dans la supervision que dans les sessions psychanalytiques elles-mêmes (Grinberg, 1975; Engelbrecht, 1989). L’analysant évalue (analyse), supervise de façon permanente le travail de son analyste, l’analysant ne le sait pas nécessairement, mais «il le dit» indirectement avec ses associations. Les préjugés et les conflits de l’analyste rendent difficile de voir et d’entendre les jugements que manifeste son analysant sur son travail. Une bonne interprétation doit donner à l’analysant la possibilité de penser par lui-même et non de penser ce que veut l’analyste. Si on prend en considération la réponse consciente et/ou inconsciente de l’analysant à nos interventions, on peut compléter et/ou rectifier nos interprétations (Rosenfeld, 1987; Coderch, 1995; Alvarez, 1996; Méndez, 2005).

L’opinion de Gastelumendi (1989 p.119) sur la formation d’identité psychanalytique me paraît très intéressante: «Au début d’une analyse et pendant une grande partie de celle-ci, le patient idéalise son analyste, en supposant qu’il sait ce qui lui arrive. Vers la fin de ce long processus, l’analysant découvre qu’il n’est pas ainsi, et il faut qu’il décide de sa vie par lui-même. Peut-être que quelque chose d’analogue se produit pendant la formation analytique. Nous croyons ou voulons croire que les séminaires et les supervisions, outre notre analyse, feront de nous des analystes. Pendant ce processus nous découvrons qu’il n’en est pas ainsi, que le chemin est beaucoup plus long de ce que nous avions pensé, et, bien que nous soyons accompagné, le plus important se produit dans l’intimité».

3.4. Évolution de lidentité des psychanalystes gradués

 

3.4.1. Consolidation et maintien de l’identité psychanalytique

Beaucoup de psychanalystes expérimentés considèrent que leurs jeunes confrères doivent élaborer aussi le deuil de ne plus être candidat et de la séparation de leurs analystes. De plus, ils doivent aussi comprendre que l’identité analytique du début est précaire et qu’ils auront besoin d’autres expériences pour être consolidée. On dit que, au cours des premières années qui suivent la formation, l’analyste jeune doit consacrer la majorité de son temps à la psychanalyse pour renforcer l’organisation mentale interne et pour permettre aux fonctions du moi de consolider l’autonomie de l’identité psychanalytique. Les groupes d’études avec des pairs, les réunions scientifiques et la rédaction d’articles jouent tous un rôle dans cette formation permanente et dans la consolidation de l’identité psychanalytique. Une autoanalyse continue prolonge l’analyse didactique pendant toute la vie de la majorité des analystes. Après quelques années, ce sentiment d’identité devient plus solide, plus stable et acquiert une certaine autonomie, sans oublier les efforts permanents qu’il faut fournir pour maintenir le niveau d’autonomie obtenue.

L’existence d’institutions officielles de psychanalyse assure au jeune analyste des liens nouveaux, des échanges scientifiques et des rencontres personnelles qui renforcent son identité. Ceux-ci lui permettent de se sentir en continuité avec les étapes précédentes et le devenir de la psychanalyse. Quelques psychanalystes considèrent le mouvement psychanalytique comme une idéologie progressiste (Grinberg et al. 1971) (idéologie non dogmatique et ouverte à la mise en question et aux changements) et pensent que les groupes idéologiques servent de continent et renforcent le sentiment d’identité.

Selon Grinberg (1976b), la consolidation de l’identité psychanalytique se fait à partir de l’interrelation des trois liens: spatial, temporal et social. L’intégration spatiale inclut l’assimilation de la relation que l’analyste a obtenu à établir entre les différents aspects de sa théorie de psychanalyse et de ceux de son expérience psychanalytique (aussi l’expérience acquise au cours de son analyse personnelle et du travail avec les patients). Ce lien a pour objet la différenciation et l’individuation de l’analyste. L’intégration temporale correspond à l’assimilation de l’évolution, à travers le temps, de relations entre les attitudes, les insights et les expériences. Le lien d’intégration social correspond à l’assimilation des liens qui se créent avec un groupe ou une communauté institutionnalisée, sur base d’identifications sélectives avec d’autres membres.

3.4.2. Crise de la psychanalyse et/ou de l’identité des psychanalystes?

La plupart des psychanalystes considèrent que la crise d’identité n’est pas de la psychanalyse. Ils reconnaissent tous sa contribution à la connaissance de l’être humain et de sa culture (Galet, 1989; Ballesteros Rotter, 1998). Ils pensent que le problème de cette crise survient chez quelques-uns ou chez tous les psychanalystes qui ont un lien de lucidité suffisante pour vivre et pour faire face aux crises inévitables à travers leur vie, non seulement comme psychanalyste, mais aussi comme être humain.

D’autres psychanalystes pensent que la psychanalyse est en effet en crise dans ses différents aspects: politique-administratif, idéologie psychanalytique et, dans quelques régions, au niveau socio-économique (Ahumada, 1998b; Gómez, 1998).

Sans entrer dans les polémiques précédemment citées dans ce travail, je considère qu’il faut construire une nouvelle identité psychanalytique, avec plus de flexibilité et plus d’ouverture, pour s’adapter au mieux aux changements accélérés survenus avec le postmodernisme et avec les moyens de communication (Ahumada, 1998b; Carlisky et al. 1998; Santacruz, 1998).

Je considère que la psychanalyse, prise comme science et comme technique, soit ou non en crise, le psychanalyste, comme être humain, peut avoir toutes les crises inhérentes à son cycle de vie. Il peut aussi entrer en crise d’identité psychanalytique due à des facteurs particuliers internes et/ou externes (Ballesteros Rotter, 1998; Soulier, 1998).

King (1976) pense que certains analystes rencontrent des difficultés et traversent une crise d’identité au moment où ils se redéfinissent, où ils reprécisent leurs objectifs, leurs espoirs et leurs manières de se voir. L’auteur mentionne les crises particulières suivantes:

1. Crise «permanente» d’identité de l’étudiant en psychanalyse que nous avons déjà commenté.

2. Crise d’identité du psychanalyste récemment gradué. Au moment où finalement l’étudiant atteint son but qui lui a coûté beaucoup de souffrance, de temps et d’argent, il est confronté à la nécessité de concilier la différence entre ce qu’il imaginait de sa profession et la réalité d’être un psychanalyste récemment qualifié. Il prend aussi conscience que sa psychanalyse personnelle n’a pas atteint tout ce qu’il attendait, et qu’il est encore soumis transitoirement à l’anxiété, à la peur et à la dépression. Quelques analystes récemment gradués suivent avec leur analyse personnelle jusqu’à dépasser leur déception de constater que le fait d’être gradué n’est pas la garantie d’une existence sans angoisse.

3. Crise d’identité des psychanalystes qui sont forcés à quitter leur pays. Les effets de l’émigration et de l’exil sont étudiés en profondeur par les Grinberg (1984).

4. Crise d’identité des psychanalystes vieillissants. Quand le psychanalyste dépend trop de son rôle de psychanalyste pour son identité personnelle, le fait de se retirer de ses activités psychanalytiques pourra menacer la stabilité de sa personnalité.

Selon King, ces réévaluations sont particulièrement pénibles et ont besoin d’une élaboration adaptative et créative. Certains psychanalystes réagissent à ces situations en abandonnant totalement leur profession ou en travaillant de manière très isolée et en provoquant des conflits avec leur entourage. Il existe aussi des psychanalystes qui évitent de se confronter avec leur propre crise d’identité: ils suppriment ou annulent la nécessité de faire le bilan sur eux-mêmes et leurs situations, ils deviennent très conformistes avec l’institution sans pouvoir critiquer constructivement ses objectifs et son fonctionnement, et rejettent tout changement dans l’institution par crainte de perdre leur sécurité ontologique.

D’après Grinberg (1976a) il existe aussi la pathologie de l’identité psychanalytique. Il donne comme exemple, la pseudoidentité ou l’identité «comme si», qui est fausse, précoce et non élaborée. La tendance à adhérer au dernier auteur «à la mode», susceptible d’être rapidement remplacé par le suivant, est incluse dans cette identité.

4. CONCLUSIONS

Pendant notre formation nous découvrons que l’identité professionnelle antérieure a des intérêts limités pour l’attitude psychanalytique. La formation en psychanalyse est toujours une rupture avec la formation précédente, quelque soit celle-ci.

La majorité des auteurs se rejoignent pour avancer que la formation analytique ne sert pas seulement à fournir à l’étudiant des connaissances en psychanalyse, mais aussi favorise une formation personnelle et psychologique, c’est-à-dire, la formation d’une identité. La formation d’identité ou l’identité en formation est un processus dynamique de changement permanent qui produit des angoisses et des sensations de perte (et des processus de deuil). Il existe sûrement autant d’opinions à ce sujet  que d’individus en formation. Il apparaît toutefois que la formation d’identité psychanalytique est un processus de changement dont objectif est de préparer l’étudiant pour une expérience continue de transformation qui ne s’arrête jamais.

Non seulement l’analyste est impliqué dans l’observation, mais il est aussi l’instrument même de cette observation. Prendre en considération le contretransfert dans le processus analytique modifie la perception de notre identité personnelle et psychanalytique. Le psychanalyste n’est plus un mélange d’un archéologue et d’un détective, c’est-à-dire un observateur un peu éloigné qui se limite à déchiffrer un matériel. Il est aussi dans l’analyse avec chaque patient et son identité personnelle et professionnelle se transforment, se réintègrent et s’enrichirent  avec chaque patient. La réalité psychologique du patient est plus riche et plus complexe que toute fantaisie sur elle ou toute tentative d’explication scientifique. Si nous acceptons que nous ne nous connaissons pas complètement, nous pouvons suivre non seulement avec amour les mystères de nos analysants et leurs interactions avec nous, mais nous pouvons aussi vivre avec amour nos propres  mystères comme personnes et comme psychanalystes.

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* On ne citera pas d’autres documents spécifiques de S. Freud; les idées relatives à lui viennent de ses oeuvres complètes.

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Yo responderé a su mensaje oportunamente y luego podemos concertar una cita para una primera entrevista.


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    Médico Psicoanalista Online, Bogotá, Colombia.